Voilà une autre nouvelle qui correspond à un "supplément" du roman que je suis en train d'écrire. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, en espérant que vous prendrais plaisir à lire ceci.

Une impression de déjà-vu

 

Depuis hier, j’ai mal au ventre. L’idée d’aller dans ce collège inconnu, en internat, ne me plait guère. Mais ma mère est formelle: après les incidents survenus dans mon ancien collège, hors de question que j’y retourne! Et elle ne m’a même pas permis de dire au revoir à mes amis! Comme si ce qui était arrivé était de ma faute!

Enfin, il faut arrêter de se voiler la face: c’est trop tard! Me voilà désormais devant cet établissement dont la vue me fait frémir, sans aucun moyen de m’enfuir.

« Tiens, voilà tes valises! me crie ma mère en me les tendant. Et souviens-toi, ne parle à personne de ce qui s’est passé. Il est hors de question que ma fille passe pour une folle! »

Et voilà! Quels adieux! Pas le moindre câlin, juste une mise en garde pour que je ne baisse pas dans son estime. Elle m’en veut, pourtant ce n’était pas de ma faute! Pourquoi personne ne veut me croire, pas même ma propre mère?

« Et arrête de rêvasser! Tu iras dans ce collège, quoi que tu en penses, et tu le sais! Alors arrête de rester immobile et file à l’intérieur pour commencer à t’installer! » me lance ma mère en me poussant vers l’entrée.

Une fille m’attend déjà à l’intérieur et, le temps d’arriver jusqu’à elle, ma mère est déjà partie. Cette pensée me fait monter les larmes aux yeux mais je reprends contenance en entendant une petite voix derrière moi:

« Bonjour…je m’appelle Lucie et je suis…euh…ta camarade de chambre. Comment t’appelles-tu? »

Ma « camarade de chambre » est en réalité une timide adolescente au teint pâle et aux cheveux noirs emmêlés. Se pourrait-il que ce soit…non, pas encore, pas ici!

« Anastasia, dis-je d’un ton neutre.

-Ravie de te rencontrer. Suis-moi, je vais te montrer notre chambre. »

Je lui emboîte le pas, désireuse de pouvoir enfin être seule pour réfléchir à tout cela.

 

Il est minuit passé et je n’arrive pas à trouver le sommeil. Lucie m’a montré chaque recoin du collège. Désormais, j’en suis certaine. J’ai commencé à me préparer. J’attendrai demain pour me mettre à l’action. Mais avant, je souhaite lui parlé de ce qui s’est passé dans mon ancien collège. Selon sa réaction, je saurai si je ne me suis pas trompée et je pourrai agir sans hésiter. Mon but n’est pas de me venger contre des innocents.

 

Le réveil sonne. J’ouvre un œil, puis l’autre. Je regarde mon réveil pour avoir une idée de l’heure qu’il est: 10 h 23 affiche-t-il en chiffres rouges. Aujourd’hui, les cours n’ont pas lieu puisque nous sommes dimanche. La plupart des élèves sont dehors, profitant de la neige, tandis que les autres, trop frileux ou fatigués, restent au chaud sous leur couette. Lucie fait partie de la deuxième catégorie, ce qui va me faciliter la tâche.

Je m’approche de son lit, la secoue, crie son nom, et, enfin, la vois ouvrir les yeux.

« Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi me hurles-tu dessus? dit-elle d’une voix ensommeillée.

-Il faut que je te raconte quelque chose. Ça s’est passé dans mon ancien collège et, jusqu’à maintenant, personne ne m’a cru.

-Et pourquoi veux-tu me le raconter. Il y a d’autres personnes à qui tu pourrais en parler. Pourquoi me faire confiance alors que nous ne nous connaissons que depuis hier?

-Parce que c’est à toi que je veux le dire. Je sais que tu m’écouteras attentivement et que tu ne te moqueras pas de moi », répondis-je en la fixant dans les yeux.

A cet instant, l’idée m’effleure qu’elle m’a peut-être reconnue.

A-t-elle vu correctement mon visage lors de cet incident qui aurait pu me coûter la vie?

Mes doutes s’intensifient, pourtant je continue:

« Alors, prêteras-tu l’oreille à mes propos?

-Oui, vas-y, raconte-moi tout, mais je ne te promets pas d’apporter foi à tes paroles.

-Voilà. La semaine dernière, j’allais encore à mon précédent collège. Un jour, alors que je me promenais durant la pause déjeuné, j’aperçus une fille de ma classe penchée au-dessus du lavabo des toilettes. Je crus qu’elle pleurait et allai la voir dans le but de la consoler, mais je me figeai en apercevant un filet de liquide rouge à la commissure de ses lèvres et des canines proéminentes sortant de sa bouche. N’importe qui aurait cru à une mise en scène ou à un instant de folie, mais moi, ayant un oncle qui avait fait de chasseur de vampires son métier, je savais que tout cela était réel. »

Au court de mon récit, j’avais remarqué sa curiosité vis-à-vis de mon histoire, mais, à l’allusion de ma dernière phrase, un éclair de peur transparaît dans le regard de Lucie. Comme si ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle a compris qui j’étais réellement.

Faisant comme si de rien n’était, je continue ma tirade:

« Comptant sur le pieu que je gardais toujours dans mon sac, je m’avançai silencieusement vers elle et l’empala. Malheureusement, je loupai son cœur. Elle se retourna alors vers moi et jura de me tuer, puis s’enfuie par la fenêtre restée ouverte. Lorsque je m'apprêtais à sortir, je découvris que toute ma classe avait assistée à notre combat. Plus tard, ils renièrent tous le fait que cette fille était un vampire et je fus renvoyée. »

Désormais, Lucie tremble. De rage ou de peur? Je n’en sais rein, mais une chose est sûre: je dois agir et vite, car désormais elle connait mon identité.

« Et tu veux savoir le meilleur? » je reprends.

Elle me fixe sans rien dire, bien qu’elle se doute de ce que je vais dire.

« Elle aussi s’appelait Lucie et elle te ressemble comme deux gouttes d’eau! » finis-je par répondre en souriant.

Et je l’empale sans lui laisser le temps de réagir, avec le pieu que je cachais derrière mon dos, en prenant garde cette fois-ci à bien viser le cœur.

Désormais, l’obstacle qui m’empêchait d’agir est hors d’état de nuire. Je peux maintenant m’occuper du vampire que je souhaite à tout prix tuer: celui qui a assassiné mon oncle.